mercredi 26 octobre 2011

Des nouvelles (sissi, j'vous jure, ça arrive)

Petit problème de maths : si je continue à raconter les choses avec un retard d'une semaine de plus à chaque fois, quand vais-je finir ce blog, sachant que j'arrive tranquillement au mois de retard, là.

Bref. J'ai pleeein de choses à raconter.

Ma petite escapade à Cass, d'abord. Cass, charmante bourgade, immortalisée dans une oeuvre d'art que ma maman qualifierait de pré-gotliebienne, et que les kiwis ont qualifiée de meilleure peinture de Nouvelle-Zélande. Cass, métropole des Southern Alps, comptant une population permanente de 1 habitant (ce qui simplifie l'organisation de la primaire socialiste, convenons-en). Cass, unique objet de mon ressentiment — pardon, je m'égare. Cass, donc, compte principalement une gare et une field station de l'université. Ce qui nous a permis, le temps d'un week-end, de multiplier sa population par 15.

C'était très sympa. Y'avait donc mon chef, sa chère et tendre et leurs 4 gamines (oui oui, 4. Entre 2 et 8 ans, faut du courage parfois ^^), une collègue à lui, son mari et leurs deux enfants, un autre stagiaire, et deux autres chercheurs "en visite" (d'un labo à l'étranger). Plus des gens qui passaient parfois et dont je n'ai pas retenu le titre exact. Les groupes de rando se sont faits assez rapidement : les deux familles d'un côté, les jeunes de l'autre. Sauf moi, qui ai préféré aller marcher avec les gamins, parce que comme ça j'étais sûre de ne pas être le boulet du groupe. Du coup, j'me suis fait une copine à vie, qui s'appelle Mathilda et qui a 8 ans. C'est la fille de mon chef, on a causé vocabulaire anglais, voyages dans le monde, difficulté d'avoir des frères et soeurs, élégance et chaussettes. Mon chef a été épaté par mes talents avec les gamins, en me disant que j'avais l'air d'avoir le fluide. J'ai hésité à répondre que c'était pareil avec les chats, puis j'me suis dit que c'était pas diplomate et j'ai simplement dit que comme j'avais pas peur d'avoir l'air ridicule, ça simplifie les relations avec les moutards.

En revanche, Cass, c'est le bout du monde. Pas de téléphone, pas d'internet, c'est tout juste si on a l'électricité. Du coup, pour voir le match France Angleterre, il a fallu aller au pub, c'était rigolo. Y'avait 3 pelés et un tondu, plus un troupeau de francophones au milieu, accompagnés par un allemand et un britannique. Et j'ai même vu un vrai jukebox pour la première fois de ma vie. Awesome, comme ils disent !

Côté balades et j'en-prends-plein-les-mirettes, on a été servis. On est partis de Christchurch sous une pluie battante, qui s'est transformée en neige à mesure qu'on montait dans la montagne, et finalement le temps s'est levé et a été splendide. Vous aurez peut-être des photos bientôt si j'suis pas trop flemmarde, on verra.

Bref. C'était super cool, le seul instant où on a fait de la mécanique des fluides, c'est en écrivant l'équation de Navier-Stokes au tableau blanc de la station en arrivant, et j'ai choppé une grosse crève qui m'a claquée pendant une semaine ensuite (mais j'ai échappé à la varicelle des deux dernières de mon chef : ouf !). Heureusement, j'étais à peu près rétablie le week-end d'après pour la collection de barbecues auxquels j'étais invitée (mais je n'ai pas pu honorer toutes les invitations quand même, parce que dans la vie il faut dormir parfois)

Voilà, sinon, l'été arrive. Le week-end dernier était un long week-end, puisqu'ici le 1er mai est systématiquement le troisième lundi d'octobre. Du coup, j'en ai profité pour faire du shopping pour renouveler ma garde-robe : en effet, je pensais avoir emporté des chaussettes mais il s'avère que ce sont des passoires, et j'ai un pantalon qui me donne des sueurs froides à l'idée de me retrouver cul nu chaque fois que je m'accroupis en le portant. Et au passage, comme c'était les soldes, j'me suis offert une jupe, na. D'ailleurs, je crois que je vais refaire l'intégralité de ma garde-robe en Nouvelle-Zélande : ma taille n'est pas systématiquement la plus grande de la gamme, et les prix sont plus qu'amicaux. Il ne reste plus qu'à trouver un moyen de ne pas dépenser l'économie sur le prix pour le transport retour, et tout sera parfait.*soupir*.

Le dimanche soir, j'ai rangé au vestiaire mon antipathie pour le sport et j'suis allée voir la finale de rugby sur écran géant à Christchurch. C'était un superbe match, dans lequel j'ai vécu le moment de solitude le plus intense de ma vie : un "Wooooooohoooooo !" crié avec les bras en l'air quand la France a marqué un essai, au milieu d'un public de Kiwis.

Je suis aussi allée faire un tour à la plage avec Mel et un copain à elle, qui voulaient aller faire du surf. Il est possible que j'me lance un jour pour essayer, mais pas cette fois : on avait 20 minutes devant nous (Mel avait un avion à prendre dans l'après midi), soit exactement le temps de prendre un bain de soleil sans écran total et sans coup de soleil.

Et comme certains le savent déjà, dans tout ça, mon anglais s'améliore. Pour preuve, je suis capable de jouer au Pictionnary, et je commence même à comprendre les blagues cochonnes !

vendredi 7 octobre 2011

Home sweet home

Bon, je sais, ca fait lurette que j'ai rien posté, mais j'ai une bonne excuse : à force de taper alternativement sur des claviers français et kiwis, je finis par ne plus savoir ou sont les lettres et les accents, et je deviens handicapée de la frappe. Genre j'suis presque sure de taper à présent à peu près aussi vite que Mamie si on la met face à un clavier.

La semaine dernière, j'ai déménagé dans la maison gentiment excentrique décrite précédemment. Ca ne s'est pas fait sans animation : voyez plutôt...

Mi septembre dernier, je passe à ma résidence étudiante, pour leur annoncer que je pars. On convient d'un départ le samedi 1er octobre au matin. La chambre n'étant pas meublée, je pars aussitôt en chasse d'un mobilier approprie, incluant notamment un lit, parce que j'ai une notion assez peu spartiate du confort. Je m'inscris sur TradeMe, site de vente aux enchères du type d'eBay, et je commence à fureter dans les coins. J'trouve un lit qui a l'air simple mais sympa, et annonce "in good and tidy condition". J'commence les enchères à $25, et finis finalement le vendredi d'après par remporter le lit pour $100 (env. 60 euros, ce qui reste assez raisonnable). Apres moultes tergiversations, je finis par m'arranger avec le vendeur pour qu'il livre directement à la nouvelle maison le vendredi suivant (donc la veille de mon arrivée), aux environs de 16h30. Comme je ne suis pas disponible à ce moment la, c'est Juanita (la moman) qui s'occupera de la réception.

Le vendredi soir, 17h20, pendant que j'étais en train de me dire qu'il faudrait peut-être que je commence mes paquets, coup de fil de Juanita : "Heu Cécile, ton lit est arrive, tu peux passer voir s'il te plait ? J'suis pas sure que ce soit vraiment ce que t'aies acheté, et ca vaut pas 100 balles hein...". Me reprochant aussitôt mon oisiveté des 20 minutes précédentes, qui avait forcement du détruire mon karma pour qu'une telle tuile me tombe sur la gueule, je réponds un laconique et volontaire "bon euh ok j'arrive", j'attrape mes clés et une écharpe et je file ventre à terre.

Le vendredi soir, 17h45, j'arrive chez Juanita, et je constate l'ampleur des dégâts : le lit, qui avait l'air coquet et mignon bien que simple sur les photos, se révèle être minuscule, hautement inconfortable à cause de l'inadéquation de la base et du matelas, tache et déchiré, et puant la poussière, le vieux et le renfermé. Bref, tout sauf "in good and tidy condition". Sauf qu’autant je suis capable d'aller grogner auprès du vendeur en lui rendant son lit et en réclamant mon fric en français, autant j'en suis incapable en anglais. Je fais part de mon désarroi à Juanita, qui après m'avoir demande si j'avais l'adresse mail du vendeur me dit qu'elle va elle-même lui écrire une shitty letter, parce que c'était inadmissible d'écrire une annonce aussi peu fidele à la réalité.

Le vendredi soir, 20h, après de nombreuses interrogations sur la taille standard d'un lit, sur le pourquoi du merdouillage d'internet, et sur le pire adjectif s'appliquant objectivement au sommier, la shitty letter demandant remboursement est envoyée par mail. En attendant la réponse, je suis invitée à manger, et on prépare un excellent gratin de pates et une salade-du-jardin avec Juanita tandis que Melissa bosse dans sa chambre.

A 22h30, après le dessert (un succulent yaourt fermier au fruit de la passion), vérification des emails, avec assez peu d'illusions sur l'efficacité de la démarche. Surprise ! Ca a marche ! Se sentant sans doute un peu coupable d'avoir vendu un si mauvais lit si cher, les vendeurs acceptent de le reprendre et de me rembourser. On convient donc de leur rapporter le lendemain matin très tôt, pour qu'ils puissent s'en débarrasser lors de leur garage sale (sorte de vide-grenier individuel).

A 23h15, après avoir élaboré le programme de la journée du lendemain, Juanita me redépose chez moi d'un coup de voiture. Le dit programme commençant par un pick up à 8h15 de ma gracieuse personne, de ses 23kg de bagages initiaux et de quelques *toux discrète* menus *kof kof* objets et babioles acquis depuis son arrivée. Tout ceci devant, évidemment, être emballé dans des contenants appropries. La nuit fut donc courte.

Le lendemain, 8h15 du matin, après avoir été réveillée à 6h30 par ma coloc qui faisait une crise d'hypoglycémie et qui paniquait à cause des vertiges (en même temps, quand on se nourrit 3 soirs d'affilée sur une seule portion de plat à emporter, sans vraiment déjeuner le midi ni manger le matin, faut pas trop s'étonner.), je charge l'intégralité de mon barda dans la voiture de Juanita, et me voila partie vers de nouvelles aventures.

A 8h25, mes affaires étaient dans ma nouvelle maison (ok, au milieu du salon, mais fallait bien commencer quelque part). A 8h30, le lit miteux était charge dans la voiture. A 8h45, il était déchargé chez le vendeur, et j'avais récupéré mes $100. Mais je n'avais toujours pas de lit ou dormir le soir.

A 9h a donc commence un grrraaand tour de tous les second-hand shops de Christchurch, à la recherche du lit parfait. Apres avoir commence notre quête dans un franchement craspec (simplement pour demander ou chercher), on a fini vers 11h à l'Armée du Salut, qui avait un chouette stock de lits. J'ai jeté mon dévolu sur un 140*190 mignon tout plein (et propre, et à $70 seulement). Le monsieur de la Salvation Army m'a alors propose d'essayer le matelas, en le posant dans l'entrepôt derrière. Ravie, j'accepte, on traine le matelas la bas, Juanita nous suit, et commence à fureter dans l'entrepôt pendant que je testais l'objet de mon dévolu. J'ai été interrompue dans ma noble entreprise par un éclat de Juanita, qui disait (je ne sais plus si c'était en français ou en anglais, elle switche très souvent de l'un à l'autre) "Oh regarde celui-là comme il est beau ! Il est presque neuf, et il est pile à la taille qu'il te faut !". Effectivement, 105*210, c'est confortable, pour un single bed. Et effectivement, il est tellement presque neuf que le plastique d'origine est encore la, tout comme l'étiquette de prix. Et, oh, joie, il y a une base exactement à la bonne taille juste à coté. Une description de ma pauvre qualité d'étudiante aussi gigantesque que fauchée et quelques battements de cils plus tard, le monsieur accepte de nous vendre le lit, même si il n'est pas encore en vente officiellement. Pour 50$.

Le karma de ma journée est donc au plus haut : je l'avais commencée propriétaire d'un lit miteux et minuscule, et à 11h15 me voila pourvue d'un lit à ma mesure et de 50$ en rab. Histoire de rééquilibrer un peu l'ordre cosmique global, les tuiles ont commence à tomber : d'abord, le lit ne rentre pas dans la voiture. Donc il faut louer une remorque. Mais au vu des tarifs pratiques, à Christchurch, la filière de location de remorques est fortement liée à celle de trafic d'organes. On a donc un peu peine pour trouver un loueur qui tombe en dessous des 25$ minimum, nous promettant même de faire une réduction si on revenait avant 12h. Ventres à terre, on file donc, la remorque aux fesses, récupérer mon superbe lit à l'Armée du Salut, esquiver les sourires un peu trop insistants du monsieur (on n'a pas réussi à déterminer exactement à qui ils étaient adressés) et déposer mon trophée à la maison. Pour repartir en courant chez le loueur, pour lui rendre la remorque à 11h59h59 ou presque. Pour la peine, il nous l'a facturée $10 seulement. Et pour la peine, la voiture a ensuite refuse de redémarrer.

Bon, un appel à l'assistance automobile (et 45minutes d'attente) plus tard, la voiture est relancée, on rentre à la maison, et on est maintenant parées à attaquer la 3eme partie du programme : remise en état de la chambre. Opération qui inclue notamment le retapissage du placard (en espèce d'aggloméré de merde poussiéreux comme tout) et le découpage de 2 grands tapis dans de la moquette, parce que la Nouvelle-Zélande est un pays ou l'isolation des maisons (et a fortiori du sol) est perçue comme totalement superflue.

Bref. Finalement, ma chambre a fini par avoir une mine sympa vers 20h, j'ai un lit trop confort, un placard tout mauve et tout joli, une fenêtre plein ouest qui me donne une jolie lumière dans l'après midi, un joli triptyque avec des photos de pissenlits, une petite étagère pour mes livres, des draps cools et des couettes chaudes comme tout. Et j'me sens très bien dans cette maison :)

Par ailleurs, mon chef est rentre au début de la semaine, donc j'ai enfin commence à faire des manips (ce qui me sort de mon oisiveté des derniers temps), j'me suis mise à la danse médiévale (et c'est rigolo tout plein), j'ai croisé des gens sympas qui font un peu attention à ne pas parler trop vite quand je suis dans le coin, j'ai commence le yoga (et je sens que ca m'fait du bien aux articulations, même si je ne comprends pas toujours le blabla mystique de la prof), et mon chef organise ce week-end un "séminaire" dans la station de terrain de l'université, ce qui m'a l'air de plus s'apparenter à "un week-end de randos avec un peu de physique au milieu" qu'à "session intensive de travail".

Tout roule, quoi :)

(Je prie mes indulgents lecteurs de ne pas me tenir rigueur de mes fautes d'accents. Ce texte a été tapé avec un clavier qwerty et corrigé par le correcteur automatique de Word 2007. Et j'ai pas envie de me casser les pieds à insérer tous les accents manquants à la main)

dimanche 25 septembre 2011

Photos bis

Quelques photos des gorges de la Rakaia, où j'suis allée faire une rando bien sympa avec deux autres frenchies. Le soleil et le vent ont été farceurs, mais on a quand même pu profiter de quelques chouettes coups d'oeils.


Rakaia Gorge
Rakaia GorgeRakaia Gorge

vendredi 16 septembre 2011

La crise (de fou rire) du logement

Mon logement actuel a beau être coquet, il n'en reste pas moins cher : $200 par semaine, même chauffage inclus, ça fait quand même 550 euros par mois, auquel se rajoutent les sous pour payer le Net. Et puis, même après avoir sympathisé un peu avec, mes colocs ne sont clairement pas une motivation suffisante pour rester ici. Je me suis donc lancée le week-end dernier dans la grande aventure que représente le marché immobilier kiwi.

En fait, j'ai principalement chassé le flatmate sur le Grand Réseau Mondial Nommé Internet, notamment sur le site EasyRoommate, grand champion national de la colocation estudantine. Premier constat, les prix sont plus raisonnables : compter 100-150 euros par semaine. Ça m'va. Deuxième constat, les environs de ma fac ne se démarquent pas par leur densité d'annonces. Bon, on va y aller avec ordre et méthode : on n'accepte pas les colocs seule avec les vieux messieurs de 55 ans (peut-être charmants, hein, mais j'préfère pas prendre de risque :D ), on n'accepte pas les colocs qui veulent que je dégage fin novembre (fin de l'année scolaire ici), on n'accepte pas les colocs qui sont à 20 minutes de bus (j'ai dit que j'trouvais chouette d'être à côté de la fac, c'est pas pour m'exiler au bout du monde).

Ce tri effectué, il reste 6 ou 7 annonces. Bon, ben on prend sa plus belle plume d'étudiante-française-qui-cuisine-et-qui-payera-les-loyers-à-l'heure, et on attend patiemment les réponses. En attendant, on peut aller tromper l'ennui en allant voir sur d'autres sites : j'ai trouvé une petite chambre qui avait l'air sympa et pas chère pour laquelle j'ai envoyé un mail, et un autre truc pas mal où j'ai envoyé un sms. Pour apprendre plus tard que les sms français n'arrivent jamais sur les portables kiwis, pour une raison encore inconnue (sans doute un relent de l'affaire du Rainbow Warrior) : tant pis !

Sur ce vaste coup de filet, j'ai attrapé 2 poissons. D'abord, une réponse sur EasyRoommate (je ne remettrai pas le lien, t'façon il sert à rien), d'un jeune homme charmant (qui s'appelle Laurence, du coup j'ai commencé par le prendre pour une gonzesse), qui me propose de passer-si-j'veux-voir. J'réponds que c'est à peu près quand il veut, puisque j'ai pas un emploi du temps trop plein. Il me propose de passer mercredi soir, soit. Le mercredi, je reçois une réponse au mail que j'avais envoyé sur un autre site, et qui me demande si je suis toujours intéressée. Le temps de resituer l'annonce, je réponds que oui oui, je suis intéressée, et que j'peux passer-quand-vous-voulez-jeudi-par-exemple. On me propose de passer sur les coups de 18h-c'est-la-première-maison-après-la-garderie, j'accepte.

Le mercredi soir, je passe à l'heure dite chez Laurence. Il habite dans une impasse avec 4 maisons qui portent le même numéro, avec des bis, des A et des B pour différencier, et forcément je me plante. Je toque chez un papi charmant qui m'informe du fait que les étudiants, c'est la maison d'à côté. Je m'excuse platement, et vais voir à la maison d'à côté. Personne, à part un chien qui aboie tout ce qu'il peut. Bon, ça commence bien. Je commence à attendre un peu, la pluie s'invite et je décide de rentrer, et j'envoie un mail courtois mais glacial sur le thème de "mététéoù bordel c'est pas cool en plus on caille dans ton pays de merde là sous la pluie".

Le jeudi matin, Laurence me répond, s'excuse platement et me propose de passer-ce-soir-promis-j'y-suis. OK, mais pas avant 19h, à 18h j'ai un rendez-vous.

18h15, après avoir fait le tour du pâté de maisons d'à côté sans trouver la maison que je cherchais (c'est assez logique, quand on y réfléchit. Mais c'était quand même un grand pâté de maison, donc j'ai bien eu 15 minutes de retard), je me pointe au lieu de rendez-vous. Là, c'est le moment où on se dit qu'il y a parfois un mauvais scénariste aux commandes de sa vie. Voyez plutôt la scène :

Cécile arrive, entre dans le jardin d'un air peu assuré, la maison a l'air vide. Au moment où elle s'apprête à faire demi-tour, penaude, une voiture entre dans le jardin.
"Can I help you ? You're looking for something ?"
"Heeuu yes, I'm looking for a flatshare, normally it's here..."
"A what ?"
"A flatshare..."
"No, there is no Fletcher here"
"I'm not on the 9, Haynes Avenue ?"
"Yes it's here ! But there is no Fletcher here, maybe you're looking for Melissa ? But I don't know wether she's here or not..."
"Yes, normally she told me she should be here"
"OK, come in. Where do you come from ?"
"France"
"Oh ben on peut parler français alors. Laissez vos chaussures à l'entrée, vous cherchiez quoi ?"
Et là, on réalise qu'à cause de ma fréquentation intensive de kiwis ces derniers temps, je commence à prendre leurs sales habitudes de prononciation. A moins que je ne sache tout simplement pas prononcer le mot "flatshare", colocation, ce qui expliquerait pourquoi la dame a compris "Fletcher". Quiproquo du jour, bonjour, ça aura au moins eu le mérite de bien nous faire rigoler

Bref, dans tous les cas, j'entre dans un salon-salle-à-manger-cuisine-américaine plus que sympathique, on me propose une tasse de thé, et on commence à discuter, installées sur les canapés extraordinairement confortables (rachetés de seconde main à un homme qui les avait importés d'Afrique du Sud, paraît-il) au coin du poêle. Rétrospectivement, d'à peu près tout sauf de la chambre, du coup après m'avoir expliqué qu'elles parlaient toutes deux français, anglais et chinois, parce qu'elles avaient vécu en Dordogne, en Ecosse, en Chine et en Nouvelle-Zélande, qu'elles étaient mère et fille, actuellement toutes les deux à l'Université de Canterbury pour apprendre l'une le chinois (la mère, parce qu'elle n'a aucun papier qui le prouve, et que quitte à ne rien faire, autant faire quelque chose qui valide des acquis et qui permet d'être près de sa fille), l'autre la gestion des réseaux naturels (discipline à l'intersection de la géologie, de l'hydrologie et des sciences de l'environnement) tandis que le père est en Chine pour bosser et le frère aux USA pour étudier, de l'accent horrible des kiwis, des choses à voir en Nouvelle-Zélande, du caractère étrange du chat, des bizarreries comparées de l'anglais et du français, de l'hilarité que provoque un américain parlant français avec un accent québécois en France, du caractère pléonasmien de "essayer de chercher quelqu'un sur FaceBook" et de Programmation Neuro-Linguistique, la maman a fini par demander à sa fille de me montrer le reste de la maison. Qui est petite, mais coquette aussi, avec une chambre tout à fait convenable (bien que pour l'instant utilisée comme bureau-débarras-rangement, donc sans lit — mais un lit d'occasion coûte à peine $100 ici, et on m'a proposé d'aller le chercher où je le trouverai avec la voiture familiale et la remorque) et très lumineuse.

Cette formalité expédiée, on a continué à discuter une bonne partie de la soirée, tantôt en anglais, tantôt en français, les unes corrigeant l'autre et réciproquement suivant la langue utilisée, tant et si bien qu'à 9h j'ai été invitée à manger "Because you must be sooo hungry now !". J'ai donc mangé avec elles, en pouffant régulièrement parce que la maman prenait un malin plaisir à faire des imitations très réussies d'accents plus régionaux et paysans les uns que les autres, et a même terminé le repas sur un "On a bien mangé, on a bien bu, merci petit Jésus !" que je n'aurais ja-mais cru pouvoir entendre en Nouvelle-Zélande. Elles m'ont aussi demandé ce que j'aimais bien faire comme activité, j'ai répondu que de manière générale j'étais pas super sportive, mais que j'adorais le ski et la mer, et que j'aimais bien me balader même si je mettais 50% de temps de plus que les prévisions pour faire les marches. Elles m'ont répondu qu'il y avait un chouette club de tramping à la fac qui organisait des marches "pour vraiment tous les niveaux", et qu'il y aurait sûrement d'autres sorties au ski d'ici la fin de la saison, et qu'elles se faisaient une joie de m'introduire auprès de toutes les personnes qui pourraient me permettre de faire les activités que je voulais.

Bref. J'ai posé une seule condition : qu'on me parle en anglais, et qu'on corrige mes fautes quand je parle anglais. Elles ont eu une seule condition : qu'on parle français un soir par semaine pour dérouiller le leur.

Je prends la chambre, et j'emménage dès que possible.

Epilogue : Du coup, j'ai pas pu aller voir la maison de Laurence. J'ai donc dû prendre ma plume la plus diplomate pour dire que "ah ben en fait non c'est bon j'ai plus besoin..." ^

dimanche 11 septembre 2011

Supermarket

Un grand moment de dépaysement, au pays des kiwis, c'est le passage au supermarché. Prenons, au hasard, le rayon des légumes.

D'abord, il y a des légumes étranges que j'ai jamais vus en France : des espèces de crosnes rouge vif, et ce que je suppose être des ignames (mais en fait, ça doit pas être ça, puisque "igname" se dit "Yam" en anglais, et que j'suis sûre que c'était pas ce qui était marqué sur le paquet).

Ensuite, y'a une notion des prix qui n'est pas tutafé celle de chez nous : les kiwis sont évidemment à un prix défiant toute concurrence ( $1,39=0.8€ pour 1kg de kiwis verts de production locale, sucrés et goûteux à souhait ! Mon scorbut va faire la tronche, je pense ! ), les carottes sont à un prix encore moins cher ($1,39 pour 1,5 kg de carottes !), et les tomates et les haricots verts (importés d'Australie et de j'sais plus où) coûtent la peau des fesses (au moins $10 le kilo, pour des tomates moches et des haricots peu inspirants).

Et enfin, parfois, les différences se cachent là où on ne les attend pas. Les poireaux, par exemple, sont plus courts et plus gros (à croire que les kiwis n'aiment pas le blanc de poireau, ce qui est pourtant délicieux avec une bonne vinaigrette). Les choux-fleurs, choux rouges et choux frisés sont vendus en moitiés. Les poivrons se vendent à l'unité (du coup, ils sont calibrés comme des concombres bruxellois).

La bonne surprise se cache au rayon des viandes. Pour mémoire, chez carrefour, quand on prend le boeuf le moins cher, on achète de la vache en semelle, qui continue à revendiquer cette nature même après 2h30 de cuisson à feu doux. Et bien chez les kiwis, quand on prend le boeuf le moins cher ($11=6.70€ le kilo), on obtient une viande super goûteuse, et raisonnablement tendre quand on la laisse cuire 1h30 avec des petits oignons et des carottes. Et d'ailleurs, pour le même prix au kilo, on peut aussi obtenir de la viande d'agneau hachée, qui permet de confectionner une sauce bolognese à se damner. Et je ne vous parle pas du porc (qui est en moyenne légèrement plus cher que l'agneau, ce pays est décidément béni des dieux si les pauvres gens mangent de l'agneau), qui même pris en packaging "super flemmard" (à savoir, des dés tous découpés), est vachement bon préparé en curry.

(Tout ceci me fait penser qu'il faut vraiment que j'trouve un lexique des noms de morceaux de viande en anglais, j'en ai marre de tenter de reconnaître à travers le plastique !)

Mon grand moment de perplexité, façon "mais c'est quoi ce pays bordel ???" a en fait eu lieu en deux temps. D'abord, au rayon ham& sliced meat, quand j'ai réalisé que la notion de "jambon blanc" n'avait pas cours. Ils ont du bacon de 15 sortes différentes, ils ont un truc qui ressemble à du jambon mais dont la liste d'ingrédients me fait peur (elle commence fièrement par "meat, 75%". J'ai très peur de ce que peuvent être les 25% restants), ils ont du poulet tranché goût indien, du boeuf tranché au paprika, de l'agneau à la menthe tranché, mais pas de bon vieux jambon de Paris. (Ah, tiens, on me souffle dans l'oreillette que si le jambon est "de Paris", ça explique peut-être pourquoi on ne le connaît pas en Nouvelle-Zélande...) Mais ma stupéfaction a atteint son comble au rayon "sauces pour pâtes". J'étais préparée : en France, déjà, c'est une injure au sens commun, on y trouve de la sauce tomate pleine de sucre et d'huile, quand il suffit d'avoir un oignon, un peu d'huile d'olive et une boîte de tomates concassées pour faire un truc meilleur et moins cher. Du coup, j'ai à peine frémi quand j'ai vu un bocal de sauce carbonara "with fresh cream". Cependant, j'ai eu beaucoup de mal à réprimer un cri d'horreur et de stupeur mélangées lorsque je suis tombée face à la sauce tomate pour pizzas. Dans des pots de yaourts. Genre imaginez une plaque de 4 Activia©, mais avec de la sauce tomate à la place du yaourt, quoi. Les gens sont fous.

J'ai aussi ouvert de grands yeux devant, en vrac, l'immeeeeense rayon des nouilles instantanées, le lait frais moins cher que le lait UHT, l'absence de packs de 6 briques UHT et les cahiers d'écoliers de 48 pages maximum. Et j'ai fini par me consoler en achetant un flacon pompe de 532mL de lait hydratant pour le corps trobieng au prix révolutionnaire de $4 (environ 2,5 euros), avant d'aller payer.

vendredi 9 septembre 2011

Des photos !

Grande photo : arrivée au dessus de l'île du sud, avec vue sur le Mt Cook. Petites photos : les Southern Alps à gauche, la plaine de Canterbury à droite


Nouvelle Zelande vue du ciel
Nouvelle Zélande vue du cielNouvelle Zélande vue du ciel

mercredi 7 septembre 2011

Le stage

Lundi a eu lieu la grrraande rencontre de ce séjour : mon chef. Petit résumé :

Dimanche après midi, après avoir trouvé une connexion internet, j'me suis empressée de relever mes mails, et je découvre qu'il me donne rendez-vous à 11h30 le lundi matin, "parce qu'il a une réunion à 10h". Je n'imaginais pas que le jetlag m'autorise une grasse matinée (j'avais raison), mais j'suis contente quand même parce que ça m'évite de me presser d'un quelconque façon.

Lundi matin, donc, après avoir posté plein de bêtises sur ce blog, j'arrive sans encombres à la porte du bureau du chef. Il m'accueille d'un "hello" tandis que je lui dis "bonjour", du coup il continue aussitôt par "ah, tu es Cécile, c'est ça ?". Il est perspicace, mon chef, hein !

Après m'avoir demandé comment s'était passé mon voyage, où j'étais installée et si j'étais pas trop fatiguée, on a attaqué le vif du sujet. "Bon, je suppose que comme la plupart des étudiants français qui viennent ici, tu veux entre autres améliorer ton anglais, non ? Du coup, on pourrait peut-être parler en anglais tous les deux ?" "Heu bon d'accord mais faudra pas m'en vouloir si parfois je repasse au français pour des questions scientifiques. Quand on a déjà du mal à savoir ce qu'on veut dire, si on doit le dire en anglais c'est la fin hein" "D'accord, d'accord. So, shall we start now ?" "Ok, ok, as you wish !".

Il m'a ensuite présenté son collègue avec qui je vais sans doute beaucoup travailler pour les expériences, et il a commencé à me donner une groooosse pile d'articles à lire pour faire une étude bibliographique. Là, c'est le moment rigolo où je réalise que j'ai eu la moitié des auteurs des articles comme profs. Je lui dis, il me répond "ah, tu es donc vraiment la candidate parfaite pour ce projet. Tu as un background physique, alors que je viens plutôt de l'engineering, je pense que tu comprendras bien mieux certains aspects physiques que nous. Tiens, d'ailleurs, tu connais peut-être [livre de référence — Gouttes bulles perles et ondes] ? Il faudrait que tu le lises, ça serait un bon début." "Bah j'crois que ça va pas être la peine, actually mes exams de premier semestre de M2 portaient sur l'intégralité du contenu de ce livre, je le connais déjà assez bien en fait."

Bon, voilà, l'ambiance est donnée : ils ont de great hopes and expectations on me (de grands espoirs et attentes sur moi), va falloir mettre les bouchées doubles pour pas les décevoir ^^

Après ça, il m'a montré mon bureau, que je partage avec quelques undergrads et postgrads (étudiants et thésards), et qui a une su-perbe vue sur les Southern Alps ( ! ), et m'a emmenée faire un petit tour du campus. Le campus de la fac est très sympa, c'est grand, c'est vert, c'est joli, y'a de l'espace et des bancs partout : bref, ça claque plus que Jussieu, hein.

Et depuis, j'enchaîne consciencieusement les articles à lire ; le sujet a l'air vraiment très rigolo à traiter, bien qu'assez délicat du point de vue expérimental. Je crois que j'vais m'amuser :)